
J’en ai marre d’écrire des poèmes
J’en ai marre de tricoter des mots
Que les voyeurs balayent
Comme si c’étaient des mouches tombées dans leur verre d’eau
J’aimerais mieux être un plum’dozer
Je rêve de broyer des pierres
Sans gant sans marteau
Main-nue
Couler un bon gros béton
Avec des stylos
Devant ma maison
Faire surgir des poteaux
Dans une brouette
Torse huilé
Poils ouverts
Tronçonner un à un tous les murs
Qui nous encerclent
Planter ma pelle au fond dans l’injustice et la misère
A la force du biceps et des abdominaux
Et jeter les éboulis en quintaux
Par la fenêtre
Que les voisins regarderaient en promenant le chien
Comme s’ils voyaient tomber mon cœur
Demanderaient « votre grosse mèche, c’est du 20 ou du 22 ?
Alors, la Défonceuse vous a encore fait des siennes ? »
Admirant discrètement mes muscles et ma sueur
Et la raie des fesses
Qui dépasse du pantalon