« La poésie obligatoire ! Voilà ce qu’il faudrait… » lança-t-il au miroir dans sa cuisine. « On en mettrait à la récré, dans le métro, dans les salles d’attente et dans les soirées loto. Imagine le bien que ça ferait à 20h, entre deux publicités ! Je te dis, ce serait magnifique ! Imagine : plus de films de guerre, plus de tendances boursières ; rien que de la douceur, partout… Alors il brandit les mains en l’air et s’écria « Je te dis ! Bientôt la poésie envahira le monde !! » Sur ce, il referma avec énergie sa robe de chambre, termina lentement sa tisane, puis partit se coucher. Il était déjà neuf heures et demi. Il s’était peut-être un brin emporté. Cependant sa moustache ne bronchait pas. Ses yeux restaient fiers. Ses pieds, eux, se recroquevillèrent quand même un peu, tandis qu’il marchait sur les dalles froides qui le menaient vers son lit.