Une main un poing aversion de l’humain Mais tu l’as en toi l’autre toi La capacité L’envie de lutter Vouloir sans savoir Sauver quelque part en suppliante sororité Ce qu’il faudrait aimer de l’humanité
Archives de la catégorie : Poème
Terrier
A quai
Voir ses enfants prendre le train les faire monter dans ce qui sera un beau voyage Leur apprendre à devenir conducteur à moins regarder le chef de gare Les regarder conduire sans les mains Peu à peu oublier la fragilité de leurs ailes Puis comprendre soudain que les rails C’était juste de les avoir entendusLire la suite « A quai »
De toute façon
Clé de sol Clé de soi On commence piano E senza sordino S’il te plaît Non Pas trop forté A toi il faut tout te dire Pour savoir bien me jouer Un petit crescendo Voilà Pour que nos corps fassent musique Parfait Non pas trop sodovocé S’il te plaît A toi il faut toujours toutLire la suite « De toute façon »
sommet
J’ai les yeux sans paupière A force d’avoir escaladé tes cils Ils ont de la lumière Attrapé le haut des cîmes Au sommet de tes prunelles Je vois ce qui fait ce que tu es tout ce qui me rappelle l’été Il y a ces nuées ces collines, et de mes hivers la chaleur deLire la suite « sommet »
Sublime
Le théâtre de la nature est encore fermé au printemps
A l’intérieur on entend quelques chants d’oiseaux
Des grenouilles accordent leurs cordes, un écureuil s’entraîne
Premiers bruits d’été
en répétition pour le jour du spectacle
Pour quand l’amour aura enfin fini de manger ses pâtes
Qu’il pourra enfin se lever,
en bon metteur en scène, alors il dira « bon c’est pas tout ça ! »
Alors il terminera d’essuyer le ketchup sur ses lèvres,
reposera d’un geste résolu sa serviette sur la table d’hiver
s’étirera de façon pas très discrète
remettra ses cheveux sur le côté, éclaircira sa voix de vieux bourgeois
Un jour, demain, en juin peut-être
il pourra enfin reprendre sa baguette de chef d’orchestre
Sur la scène le soleil a raté son entrée
Il faudra retravailler
Il ne connaît pas encore très bien son texte
Parle fort quand il faut murmurer
Se tait quand il faudrait parler
On répète bientôt la scène principale
C’est ce moment dans la pièce
Où tout le monde doit chanter
En même temps
Si chacun pour l’instant s’est exercé
a plutôt même réussi son petit monologue
il est beaucoup plus difficile de faire beauté ensemble
c’est donc la cacophonie, comme on s’y attendait
le bordel du printemps
on ne sait pas pourquoi les bourgeons se mettent à hurler
les chiennes aboient, les moineaux crissent
le climat s’inquiète, on ne sera jamais prêt pour juillet
quand soudain entre la petite fille, tout le monde se tait
la promesse de son sourire met tout le monde d’accord
elle est sublime dans sa robe de printemps
Elle dit chut aux instruments mal accordés
En attendant le chef d’orchestre, elle est bien obligée
Le soleil un peu honteux de s’être trompé la regarde bouche-bée
Elle a un bijou cassé à la boutonnière
Sert les dents
Bouge les pieds
Tient une toute petite fleur à la main
Une grande tige qui vient du cœur
Comment dire ?
Comment direA l’époque encoreJe n’avais que des joujousEn guise de stylos Je faisais chuchoter mes playmobilsMettais sur Barbie des robes volubilesMais ne pouvais jamais rhabiller au dehorsMon petit papa qui à l’ombre des doudous – chut – il dort encore Comment direCe petit truc en moins quand je gagnais aux billesSur la maison de mes poupées leLire la suite « Comment dire ? »
Tout ça
moi je sais pas trop pourquoi les hommes rêvent tout ça
moi je suis pas le plus enchanté tout ça
c’est vrai qu’moi je suis pas le mieux sapé ni rien
n’empêche que quand il fait froid et ben moi j’rêve pas
quand y fait froid tout ça et ben moi je remonte juste les draps
y faudrait pas
non y faudrait pas qu’on attrape froid
mais c’est si froid la vie
c’est si froid tout ça
non j’sais drôlement pas pourquoi qu’les autres y rêvent la nuit
pourquoi plutôt qu’on se serrait pas
hein au lieu de s’en aller pour d’ faux dans une aut’ vie
chercher dans sa teutê la mer des cabanes et puis l’ailleurs s’il y en a
pourquoi qu’on se serrait pas juste là
tout contre toi et moi
non j’comprends rien à pourquoi qu’les autres rêvent
et puis en gros le reste aussi non plus
la vie c’est comme moi c’est comme toi c’est comme ça
tout ce que j’ sais c’est que quand j’ai froid
et ben moi je remonte juste les draps
alors c’est pour ça que tant qu’y aura la nuit
moi je continuerai de remonter les draps sur toi
tant que toi tes mers tes cabanes tout en toi dormira
encore et encore je te mettrai des mots par-dessus
pour que la nuit elle les touche pas
pour que dans ta teutê tes rêves ta vie tout ça
t’ais jamais froid
Arabesques
Voici ce que nous allons faire :
j’ouvrirai les lèvres
tu fermeras les yeux
Alors je boirai tes douces arabesques
Et toi tu me verras faire renaître
Du plus enfoui de tes fleurs d’être
Le miel intense
savoureux
insoupçonné
d’un très secret sentiment amoureux