Dunes

Particules assemblées
Pour du vent matérialiser le souffle
Leurs gestes ont gardé la trace
Que laisse le pas des songes
Quand ils passent

Grain parmi les sables
Dune parmi les dunes
Monde perdu dans d’autres mondes
Une partition se répète
Se déroule à l’infini
La soif continuera d’assembler
Le schéma d’un petit soi
Devenu vie

J’ai le sentiment n’importe quoi

Je vous préviens, j’ai le sentiment facile Il est chargé, il hésitera pas à tirer Alors ne vous approchez pas C’est vraiment n’importe quoi Même que des fois il part tout seul Ça lui est déjà arrivé Alors vous mettez pas trop prêts Restez à l’écart, y vaudrait mieux pas qu’il vous voit Le cranLire la suite « J’ai le sentiment n’importe quoi »

Fruits intérieurs

Une théorie raconte en Aquitaine Que les pensées poussent comme elles viennent Qu’elles sont libres d’errer, de voler                                     Même sans lumière Qu’elles ne souffrent pas la gravité                                     De la terre Je ne sais vraiment pas pourquoi les miennes Après avoir été pollen Tout le temps poussent en ta direction EtLire la suite « Fruits intérieurs »

Pissenlit

Fallait-il qu’elle soit discrète ! Sur sa robe
La lumière ténue d’un cœur en rappel
Une envie suspendue à un fil, une artère
agrippée au bord à la renverse, elle se tient à peine
à la rampe, elle pourrait tout oublier, tout lâcher
un rêve la retient de
dégringoler, un repère
Elle est amoureuse de lui
Et ce goût de rose discret
Légèrement acidulé au coin des lèvres
Comme un pétale effleuré par la pluie
Qui s‘est un matin envolé de lui
Et depuis plus jamais ne la quitte

Sororité

Une main un poing                                aversion de l’humain                                     Mais tu l’as en toi                                l’autre toi                                                           La capacité L’envie de lutter                                Vouloir sans savoir                                         Sauver quelque part en suppliante sororité                                Ce qu’il faudrait aimer                                  de l’humanité

Sublime

Le théâtre de la nature est encore fermé au printemps
A l’intérieur on entend quelques chants d’oiseaux
Des grenouilles accordent leurs cordes, un écureuil s’entraîne
Premiers bruits d’été
en répétition pour le jour du spectacle
Pour quand l’amour aura enfin fini de manger ses pâtes
Qu’il pourra enfin se lever,
en bon metteur en scène, alors il dira « bon c’est pas tout ça ! »
Alors il terminera d’essuyer le ketchup sur ses lèvres,
reposera d’un geste résolu sa serviette sur la table d’hiver
s’étirera de façon pas très discrète
remettra ses cheveux sur le côté, éclaircira sa voix de vieux bourgeois
Un jour, demain, en juin peut-être
il pourra enfin reprendre sa baguette de chef d’orchestre

Sur la scène le soleil a raté son entrée
Il faudra retravailler
Il ne connaît pas encore très bien son texte
Parle fort quand il faut murmurer
Se tait quand il faudrait parler
On répète bientôt la scène principale
C’est ce moment dans la pièce
Où tout le monde doit chanter
En même temps
Si chacun pour l’instant s’est exercé
a plutôt même réussi son petit monologue
il est beaucoup plus difficile de faire beauté ensemble

c’est donc la cacophonie, comme on s’y attendait
le bordel du printemps
on ne sait pas pourquoi les bourgeons se mettent à hurler
les chiennes aboient, les moineaux crissent
le climat s’inquiète, on ne sera jamais prêt pour juillet

quand soudain entre la petite fille, tout le monde se tait
la promesse de son sourire met tout le monde d’accord
elle est sublime dans sa robe de printemps
Elle dit chut aux instruments mal accordés
En attendant le chef d’orchestre, elle est bien obligée
Le soleil un peu honteux de s’être trompé la regarde bouche-bée
Elle a un bijou cassé à la boutonnière
Sert les dents
Bouge les pieds
Tient une toute petite fleur à la main
Une grande tige qui vient du cœur